Dans le cadre de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes des forêts tropicales humides de l’Afrique centrale, le parc national de la Kibira a eu le privilège d’être sélectionné comme forêt modèle qui pourrait servir d’exemple à d’autres forêts de la sous-région. La forêt de la Kibira a une longue histoire. Avant 1933, cette forêt servait de réserve de chasse aux Rois du Burundi. Les populations riveraines respectaient la forêt à laquelle elles conféraient un pouvoir magique.
Un droit d’usage portant sur le pacage du bétail et le ramassage des produits de la forêt (bois de chauffage, bois de construction, pharmacopée, apiculture, bambous, herbes de marais, etc.) était alors reconnu. Seuls les Batwa connaissaient cette forêt et vivaient quotidiennement des produits qu’ils en tiraient. Certaines parties de la forêt étaient protégées par des familles chargées de garder les sites où sont enterrés les Rois. Ainsi les tombes des premiers Rois du Burundi se trouvent dans la Kibira dans la commune de Kabarore (zone Rugazi). De 1933 à 1980, la Kibira est classée Réserve forestière de la crête Congo-Nil par la tutelle belge. Une délimitation a alors été matérialisée par la plantation d’une double ligne de cyprès. Ce statut est conservé après l’indépendance du Burundi (1 er juillet 1962).
Seule l’exploitation des bois de valeur (Entandrophragma excelsum et Prunus africana) était alors réglementée et contrôlée. De l’indépendance à 1980, le droit d’attribuer de nouvelles terres pour les cultures dans le périmètre délimité était aboli, mais le droit d’usage concernant le pâturage était conservé. De 1980 à 1993, la Kibira a un statut de parc national. Les droits d’usage ne sont pratiquement plus tolérés dans le périmètre du parc. Le pacage du bétail, les feux pour le pâturage, le ramassage des produits autres que le bois mort est interdit. Le parc est délimité de nouveau par une double ligne de pins et par une piste périmétrale qui ceinture le parc.
A partir de 1993, la crise politique se transforme en conflit armé. Une partie du personnel de surveillance abandonne le travail suite à l’insécurité, certains riverains profitent de l’absence de ce personnel pour couper le bois et défricher certaines zones du parc national de la Kibira.
En 2000, le parc national de la Kibira a reçu son statut juridique à travers le Décret n°100/007 du 25 janvier 2000 portant délimitation d’un parc et de quatre réserves naturelles. Le parc national de la Kibira a ainsi toujours attiré l’attention des autorités depuis la tutelle belge (avant l’indépendance du Burundi) jusqu’aujourd’hui.