Atelier de validation de la position nationale sur la biodiversité et le projet d’arrêté sur la mise en place d’une plateforme interministérielle d’intégration de la biodiversité

En date du 26 Janvier 2018, il s’est tenu, dans les enceintes du Restaurant la Détente de Bujumbura, un atelier de validation d'une note conceptuelle sur la mise en place d'une Plateforme interministérielle, d'un projet d'arrêté pour son fonctionnemeny et d'une note sur la position nationale sur la biodiversité pour son intégration lors de la formulation du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvrété (troisième génération). Dans cet atelier, il y avait des cadres des différents ministères pouvant jouer un rôle important dans la protection de la biodiversité. Ces ministères sont entre autre le Ministère de l’Environnement, de l’Eau, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme (MEEATU), le Ministère de l’Energie et des Mines, le Ministère de l’Intérieur et de la Formation Patriotique, le Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA, le Ministère des Transports, le Ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage ainsi qu’un cadre de la Deuxième Vice-Présidence. En plus des cadres de ces ministères, des professeurs des Universités ainsi qu’un représentant d’une association œuvrant dans la protection de la biodiversité (APRN/BEPB) étaient aussi présents.

L’atelier a été ouvert par le Directeur Général de l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE), Honorable Dr. Samuel NDAYIRAGIJE, qui a prononcé le discours de circonstance. Dans son allocution, il a parlé du projet « Intégration de la biodiversité dans les politiques nationales et sectorielles de développement au Burundi » que le Burundi a bénéficié de la part du Secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique et exécuté par l’OBPE. Ce projet a pour objectif général l’intégration de la diversité biologique dans les stratégies, plans et programmes nationaux, sectoriels et locaux de développement et de lutte contre la pauvreté a-t-il signalé. Il   a fait savoir que la question d’intégration trouve son origine dans la Convention sur la Diversité Biologique que le Burundi a ratifiée  et que les Ministères ci-haut cités sont priés d’intégrer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique dans leurs plans, programmes et politiques sectoriels . Il a ensuite recommandé d’intégrer les considérations relatives à la conservation et éviter les activités qui ont des effets défavorables importants sur la diversité biologique.

Il a rappelé  que bien que les Parties aient adopté un grand nombre de décisions et de résolutions depuis l’entrée en vigueur de la Convention, ’il est impossible d’atteindre ses objectifs  tant que les questions de biodiversité ne sont pas pleinement intégrées dans les  secteurs hautement concernés d’où le Burundi a révisé l’ancienne Stratégie  Nationale et Plan d’Action sur la Biodiversité (SNPA) qui n’a pas été mise en œuvre  suite à l’absence  de coordination de tous les ministères en vue de s’impliquer de manière concertée et coordonnée dans la gestion de la biodiversité. Cette nouvelle SNPA élaborée de manière participative s’étendra de 2013 à 2020 a-t-il souligné. Le Directeur Général a par la suite indiqué que si des mesures décisionnelles ne sont pas prises et qu’une sensibilisation accrue n’est pas effectuée, il est évident que cette  stratégie nationale ne sera pas aussi mise en œuvre d’une manière satisfaisante. C’est pour cela qu’il sera proposé dans cet atelier   une plateforme interministérielle d’intégration sectorielle de la diversité biologique et une position nationale sur la question de la biodiversité a-t-il indiqué.

Il a terminé son propos en remerciant  le Secrétariat de la Convention sur  la Diversité Biologique pour son appui financier dans l’élaboration des outils d’intégration et les participants à l’atelier tout en les invitant  à donner des contributions constructives.

Après le discours, les participants ont suivi la première présentation en rapport avec la position nationale sur la biodiversité pour son intégration lors de la formulation du nouveau Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté. Cet exposé a été fait par l’Expert national au projet « Biodiversité » en la personne de Monsieur Alphonse FOFO. Il a d’abord parlé des différentes réalisations du Burundi en matière de gestion de l’environnement en général et des ressources naturelles en particulier. Il a ensuite parlé  des sérieux facteurs qui menacent actuellement sur la biodiversité (actions anthropiques essentiellement), des différentes  contraintes de gestion de la biodiversité (insuffisance des ressources tant humaine, matérielle que financière allouées à la conservation de la biodiversité, pression croissante sur les ressources naturelles due à la pauvreté et démographie croissantes des populations, faible niveau d’implication des décideurs et des communautés pour la conservation de la biodiversité, ignorance et le faible niveau de valorisation des avantages tirés de la biodiversité et des services écosystémiques, manque d’un cadre de planification participative, de gestion des connaissances et de renforcement des capacités, faible niveau de sauvegarde d’un ensemble représentatif des écosystèmes, des espèces et des gènes du pays et l’absence d’une structure de coordination de toutes les actions menées en faveur de la biodiversité).

 

Ensuite, le présentateur a alors abordé  la position nationale sur la biodiversité en commençant par les engagements du Burundi en matière de conservation de la biodiversité à travers l’amélioration des  conditions de vie des populations lorsque le Burundi a souscrit  aux Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ainsi, a-t-il ajouté, se référant à l’article 6 de la CDB, le Burundi a alors élaboré sa première Stratégie Nationale et Plan d’Action sur la biodiversité (SNPAB) qui malheureusement, n’a pas été mise en œuvre de manière effective. Tous ces manquements, ont amené le Burundi a révisé la SNPAB avec cette fois-ci la participation de tous les acteurs clés intervenant dans le domaine de la biodiversité a-t-il souligné. Il a poursuivi son exposé en indiquant que cette SNPA constitue un instrument unique de référence en matière de planification de la gestion de la biodiversité au Burundi où 22 objectifs nationaux se réfèrent aux objectifs d’Aichi de la CDB et dont l’objectif 2 stipule que d'ici à 2016, les valeurs de la diversité biologique soient intégrées dans les stratégies, plans et programmes nationaux, sectoriels et locaux de développement et de lutte contre la pauvreté, et incorporées dans les comptes nationaux. Pour mettre en œuvre cet objectif, le Burundi a pris un engagement d’élaborer six plans sectoriels d’intégration de la biodiversité pour 6 secteurs clés identifiés comme plus fondamentaux en matière de gestion de la biodiversité, malheureusement cet objectif est loin d’être atteint 2 ans plus tard, a précisé le présentateur.

 

Il a indiqué que c’est dans la  SNPAB que découle la vision nationale en matière de biodiversité et qui est formulé ainsi « d’ici à 2030, la diversité biologique est restaurée, conservée et utilisée rationnellement par tous les acteurs, en assurant le maintien des services écosystémiques et en garantissant des avantages essentiels aux générations actuelles et futures ». Il a profité de cette occasion pour parler des principes directeurs et les priorités nationales  en matière de biodiversité qui sont aussi bien formulés dans la SNPA. Ces priorités sont entre autre susciter l’implication et l’engagement de toutes les parties prenantes, y compris les décideurs, à l’action de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité, mettre en place et utiliser les connaissances, les outils et les techniques efficaces pour arrêter les pressions exercées sur la biodiversité, mettre en défens un ensemble d’écosystèmes représentatifs de la biodiversité nationale, valoriser au maximum les avantages tirés de la biodiversité et les services fournis par les écosystèmes et mettre en place un cadre de planification participative, de gestion des connaissances et de renforcement des capacités.

 

Il a terminé son exposé en proposant des actions à mener pour que cette vision nationale sur l’intégration soit atteinte. Ces actions sont :

 

Mettre en place un cadre consultatif solide et fonctionnel pour déclencher le processus d’intégration de la biodiversité dans les différentes politiques nationales;

Rendre opérationnelle la commission nationale de l’environnement à l’image d’autres commissions telle la CNTB ;

Rensibiliser tous les décideurs et hauts responsables sectoriels pour la prise de conscience de la valeur de la biodiversité ;

Incorporer des plans sectoriels d’intégration de la biodiversité dans les politiques sectoriels des Ministères clés ;

Renforcer les mécanismes de coordination intersectorielle afin que la biodiversité soit prise en compte dans les agendas nationaux ;

Renforcer les capacités du mécanisme d’échange d’informations (CHM) en vue de collecter et diffuser les informations sectorielles sur la biodiversité avec la participation des secteurs clés mais aussi évaluer la situation de la mise en œuvre de la SNPAB;

Mettre en place des mécanismes de financement novateurs pour la préservation à long terme de la biodiversité.

Par la suite, deux exposés concernant respectivement la mise en place d’une plateforme interministérielle et l’Arrêté proposant la mise en application de cette plateforme ont été présentés par Monsieur Masabo Onesphore. Dans son exposé, il a d’abord défini l’intégration de la biodiversité comme étant le fait de veiller à ce que la diversité biologique et les services qu’elle fournit soient pris en compte de façon appropriée  dans les politiques et les pratiques qui ont un impact sur ceux-ci. Ainsi, au niveau international, les Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) ont déployé des efforts pour intégrer la biodiversité mais la quatrième édition des Perspectives mondiales et d’autres analyses ont conclu que l’intégration est une action importante  qui nécessite de l’attention si l’on veut que la Convention soit appliquée et les Plans stratégiques pour la diversité biologique mis en œuvre. Il a ajouté que beaucoup  d’articles de la convention se focalisent sur l’intégration de la biodiversité. A titre d’exemple, l’article 6 b) de la CDB demande aux Parties « d’intégrer, dans toute la mesure du possible et comme il convient, la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique dans ses plans, programmes et politiques sectoriels ou intersectoriels pertinents » et l’article 10 a) appelle les Parties à « intégrer les considérations relatives à la conservation et à l’utilisation durable des ressources biologiques dans le processus décisionnel national».

Parlant de l’intégration à l’échelle nationale, le présentateur a montré que le Burundi dispose d’une nouvelle Stratégie Nationale et Plan d’Action sur la Biodiversité (2013-2020) qui est un document de politique avec des  engagements fermes autour d’une vision nationale réaliste et intégrante ainsi que des priorités claires et concises élaborés de manière participative et concertée avec tous les acteurs ayant la mainmise sur la biodiversité. Il a profité de l’occasion pour signaler que cette nouvelle stratégie a été élaborée car la toute première n’a pas été mise en œuvre suite au manque de l’intégration sectorielle des questions de la biodiversité. En effet, il y a eu un manque de concertation et de coordination des Ministères impliqués dans la gestion de la biodiversité et ceci a été l’un des points faibles qui ont handicapé sa mise en œuvre. Il a ajouté que chaque ministère a sa propre mission et élabore sa propre politique sectorielle et ses propres documents de stratégies nationales très souvent d’une manière isolée et que dans la mise en œuvre de leurs documents de politique, plusieurs ministères font des interventions sans mesurer leur portée environnementale. Ainsi, a-t-il fait remarqué, suite au manque de cadre de concertation et de coordination, plusieurs actions dégradantes de la biodiversité sont menées par divers ministères. Le présentateur  a aussi précisé que différents outils juridiques burundais stipulent que toutes les parties prenantes doivent être impliquées dans les questions relatives à la biodiversité. Il a alors cité l’axe stratégique de la vision nationale qui vise à susciter l’implication et l’engagement de toutes les parties prenantes, y compris les décideurs à l’action de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité.

Le deuxième exposé a porté sur le projet de l’Arrêté portant sur la mise en place d’une Plateforme interministérielle d’intégration sectorielle de la biodiversité. Au cours de cet exposé, le présentateur  a passé en revue tous les chapitres du projet de l’Arrêté avec un accent particulier sur les articles 2, 3, 4 & 5. Il a d’abord parlé de la Plateforme qui est un cadre consultatif fonctionnel pour consolider la coordination des actions d’intégration dans les politiques sectorielles des questions de la biodiversité. Elle est la porte d’entrée à la Première et à la Deuxième Vice-Présidence pour assurer l’intégration effective des questions de biodiversité et pour sensibiliser les décideurs sur les questions de la biodiversité (Article 2). Il a continué son exposé sur le mandat de la Plateforme telle que mentionné dans l’article 3. La Plateforme interministérielle a pour mandat de :

  • orienter l’intégration des questions de biodiversité dans les politiques, plans et programmes de développement ;
  • inciter la prise en compte de la biodiversité dans les politiques, les programmes, les stratégies et les plans d’actions nationaux de différents secteurs;
  • faire les rapports interministériels pour le suivi de l’intégration et  de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale et Plan d’Action en matière de diversité biologique;
  • prendre des décisions le cas échéant sur rapport du Comité Technique de Biodiversité.

Après avoir parlé du mandat de la Plateforme, le présentateur a parlé des composantes de la Plateforme et des missions du Secrétariat de la Plateforme telles que mentionnées dans les articles 4 et 5 de ce projet d’Arrêté. L’article 4 dit que La plateforme interministérielle réunit les Ministres impliqués dans la gestion de la biodiversité, à savoir :

  • le Ministre de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme
  • le Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage,
  • le Ministre des Transports,
  • le Ministre des Travaux Publics et de l’Equipement, 
  • le Ministre de l’Intérieur et de la Formation Patriotique ;
  • le Ministère du Commerce, le Ministère de l’Industrie et du Tourisme

Le Ministre ayant l’environnement dans ses attributions assure le secrétariat de la plateforme. 

L’article 5 définit les missions du Secrétariat de la Plateforme Interministérielle qui sont:

1° Organiser les travaux et réunions de la Plateforme Interministérielle;

2° Préparer et disponibiliser les documents de travail ;

3° Veiller à la mise en application des décisions de la  Plateforme Interministérielle;

4° Rédiger des rapports annuels à l’intention de la Plateforme Interministérielle ;

5° Suivre, au plan quotidien, la mise en œuvre des missions de la Plateforme Interministérielle.

Il a terminé son exposé par le fonctionnement de la Plateforme mentionné dans l’article 7, l’existence des textes réglementaires de la Plateforme (Règlement d’Ordre Intérieur) mentionnés dans l’article 6 et les dispositions finales.

Après ces trois exposés, les participants ont à la fois posé des questions (annexe) et fait des remarques d’ordre générales aux présentateurs.

Les participants ont à leur tour donné des clarifications sur les préoccupations des participants appuyés par le Juriste NINDORERA Damien pour des interventions relatives à l’Arrêté sur la mise en place d’une plateforme interministérielle.

Les interventions des présentateurs ont été suivi par des travaux en groupes. Deux groupes ont été constitués sur base du système de comptage 1-2 et le premier groupe avait la tâche d’analyser la note sur la position nationale sur la biodiversité pour son intégration dans la nouvelle formulation du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et le second était chargé d’analyser l’Arrêté pour une mise en place d’une plateforme interministérielle.

Cette séance des travaux en groupes a été suivie par une séance de restitution des résultats par les représentants de chaque groupe.

A la fin de l’atelier les deux documents ont été validés moyennant l’intégration des observations émises par les participants.

Au cours de ce mini atelier, les recommandations ci-après ont été formulées:

  • Vu que des actions concrètes de préservation de la biodiversité sont en train d’être menées par le Gouvernement, il a été recommandé de prendre en considérations les différentes réalisations des décideurs;
  • Etant donné que la biodiversité du Burundi est en état critique, il a été recommandé aux décideurs de s’impliquer d’avantage dans la conservation de la biodiversité;
  • Considérant que la sauvegarde de la biodiversité nécessite des stratégies et des compétences, il a été recommandé de créer une commission nationale de l’environnement;
  • Il a été également recommandé de faire un décret au lieu d’un arrêté pour la mise en place de cette  Plateforme interministérielle.