Au Burundi, la culture d’igname constituait depuis longtemps la base de la nutrition des communautés. C’est une culture traditionnellement vivrière qui occupait une place de choix dans l’agriculture. Cette culture a été intégrée facilement dans les systèmes d’exploitation agricoles vu sa grande capacité de production et son niveau élevé d’adaptation aux conditions marginales. Cependant, avec l’introduction des nouvelles variétés d’autres cultures à racines et tubercules notamment le manioc et la patate douce, la culture d’ignames a été abandonnée progressivement en faveur du manioc qui, vraisemblablement est aux usages multiples. Malgré cela, les ignames produisent les plus grands tubercules qui sont généralement consommés sous forme cuite à l’eau et rarement transformés. Ils sont cultivés en association ou en culture pure et présente de nombreuses opportunités de développement. La principale espèce d’igname jadis cultivée au Burundi était Dioscorea alata connue sous le nom de «Igisunzu» dans les régions du Kirimiro, Buyenzi et Moso ou «Ikire» dans les régions de l’Imbo et du Mirwa. Peu à peu, d’autres variétés ont été domestiquées d’abord par les communautés autochtones puis, par les agriculteurs isolés par simple échange de semences.
L’Institut des sciences agronomiques du Burundi a, par après trouvé l’intérêt de réhabiliter cette culture qui a un rôle important dans la sécurité alimentaire. Les espèces concernées sont Dioscorea alata, Dioscorea dumetorum (Ikiriga) et Dioscorea rotundata (Igihonge). Cette dernière occupe la deuxième position en province Cibitoke et Bubanza après le manioc en ce qui concerne la production et le prix au marché. Chacune de ces espèces compte plusieurs variétés souvent adaptées à des terroirs bien spécifiques. La production du matériel de plantation consiste à fractionner des tubercules entières en petits fragments. Au Burundi, l’igname est une culture qui se développe bien dans les zones de basse et moyenne altitude et tolère une faible pluviométrie. Le Moso comme d’autres régions a connu cette culture depuis longtemps. Cette culture s’observe encore dans quelques ménages des dépressions de l’Est où les plantes d’ignames sontdispersées dans les champs.
Etant donné que les plantes à tubercules ont une contribution non négligeable à la résilience aux changements climatiques, l’ISABU a conduit des essais de réhabilitation et promotion de différentes variétés d’igname. Les essais ont été réalisés dans trois communes à savoir Cendajuru de la Province Cankuzo, Kinyinya et Gisuru de la Province Ruyigi dans un double but à savoir (i) la conservation, la multiplication et l’utilisation rationnelle des ressources phytogénétiques traditionnelles ainsi que (ii) l’évaluation de leur résilience aux changements climatiques. Cette activité a été réalisée en collaboration avec UCODE/AMR et Louvain Coopération.