Au cours des cinquante dernières années, l’explosion du commerce mondial et de la consommation, ainsi que la forte croissance de la population humaine et un gigantesque mouvement d’urbanisation ont métamorphosé notre monde. Ces évolutions ont entraîné une dégradation de la nature et une surexploitation des ressources naturelles sans précédent. Une poignée de pays abrite les dernières zones de nature sauvage. Les espaces naturels se transforment plus rapidement que jamais.
L’Indice Planète Vivante 2020 mondial montre un déclin moyen de 68 % des populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons suivies entre 1970 et 2016. Les variations des populations d’espèces sont un indicateur majeur de la santé globale des écosystèmes. Mesurer la biodiversité, la variété de tous les êtres vivants, demeure complexe, il n’existe pas de mesure unique qui puisse saisir tous les changements dans cette immense toile de la vie. Néanmoins, la grande majorité des indicateurs montrent de nets déclins au cours des dernières décennies.
Pouvons-nous inverser la tendance ? C’est la question posée en 2017 par l’initiative Bending the Curve (Redressons la courbe) un consortium regroupant plus de 40 universités, organisations de conservation et ONG dont le WWF. Son objectif? Modéliser les voies susceptibles de restaurer la biodiversité.
Cette modélisation pionnière a permis de démontrer que nous pouvons enrayer et même inverser la perte de biodiversité terrestre due au changement d’utilisation des terres. En mettant l’accent, comme jamais auparavant, à la fois sur la conservation de la nature et la transformation de notre système alimentaire moderne, une feuille de route pourra être élaboré pour restaurer la biodiversité tout en nourrissant une population humaine croissante. Pour ce faire, nous devrons tous faire preuve d’un leadership fort et prendre des mesures collectives. Afin de renforcer l’initiative Bending the Curve, il a été également demandé à des penseurs et à des acteurs de terrain, jeunes ou confirmés, de différents pays et cultures, de nous faire part de leur vision d’une planète saine pour les populations et la nature. Leurs réflexions sont rassemblées dans un supplément spécial au rapport Planète Vivante 2020 qui s’intitule « Des voix pour une planète vivante ».
Récemment, une série d’événements catastrophiques - incendies, invasions de criquets ou encore pandémie de COVID-19 – ont ébranlé la conscience environnementale du monde, démontrant l’importance de protéger la biodiversité. La conservation du vivant devra être un investissement stratégique non négociable pour préserver notre santé, notre richesse et notre sécurité. L’année 2020 devait être «l’année spéciale» au cours de laquelle la communauté internationale, grâce à une série historique de réunions sur le climat, la biodiversité et le développement durable, projetait de reprendre les rênes de l’Anthropocène. Toutefois, en raison de la COVID-19, la plupart de ces conférences ont été reportées à 2021.
L’état actuel de notre planète conforte l’idée selon laquelle le monde et ses dirigeants doivent adopter une nouvelle donne mondiale pour l’homme et la nature, afin que les deux puissent prospérer.
Le rapport Planète Vivante 2020 paraît en des temps difficiles. Nous entrons dans une période de grande turbulence, de volatilité et de changement. Les réflexions et connaissances rassemblées dans cet ouvrage seront une source d’inspiration pour mener des actions efficaces face aux défis écologiques, sociaux et économiques cruciaux qui s’annoncent.