Baisse des eaux du lac Tanganyika : Les activités socio-économiques redémarrent timidement

Ayant débordées il y a quatre mois, les eaux du lac Tanganyika commencent à baisser. Les activités socio-économiques redémarrent timidement. Les propriétaires des plages qui se trouvent sur le littoral du lac espèrent que les eaux du lac Tanganyika vont reculer dans les prochains mois 

Nous sommes lundi le 05 juin 2021.  A 10 h, nous débarquons à la plage Safi Beach gravement touchée par la montée des eaux du lac Tanganyika. Le lac est très calme. Les heures de vagues (après-midi) ne sont pas encore arrivées. Les travailleurs sont en train de balayer une petite partie de la plage récemment libérée par les eaux.  Les eaux sont en train de reculer, nous révèle une femme qui est en train de faire le triage des immondices amenés par les vagues des eaux du lac. Ce que confirme Omar Manirambona, responsable de Safi Beach. Selon lui, environ 20 m de plage sont déjà libérés par le recul des eaux du lac. Celles-ci étaient au niveau de la route (avenue de la plage), mais ont reculé de plus de 20 m. Même au niveau du port de Bujumbura qui était sous menace, les eaux ont baissé. A 11h, le niveau du lac Tanganyika est à 776, 35 m par rapport au niveau de la mer alors qu’il était à 776, 45 m le 19 avril 2021.

Le Boulevard du Japon dont le bord était déjà détruit par les vagues des eaux du lac n’est pas actuellement touché. Néanmoins, Même si l’Agence Routière du Burundi a entassé de grosses pierres pour protéger cette infrastructure contre les vagues du lac, cette route reste fermée aux véhicules parce que ses bords ont été partiellement endommagés.  Pour sa part, la station de pompage d’eau de la Regideso est pour le moment protégé par des sacs de sable qui empêchent les vagues du lac de toucher l’infrastructure.

Au cercle de la paix de Bujumbura, même si une grande partie des eaux stagnent toujours dans le jardin, les employés affirment que ces dernières ont déjà amorcé un mouvement de recul. « Avant, les vagues traversaient le portail jusqu’au bord de la route », précise un serveur. Néanmoins, les propriétaires de ce lieu ont dû s’adapter à la situation et ont construit au-dessus de l’eau pour continuer à accueillir des clients.

Les activités redémarrent timidement

A Safi Beach, les clients commencent à affluer. Des amoureux qui veulent passer un bon moment ensemble sur la plage. Les activités qui y étaient suspendues il y a de cela deux mois ont repris depuis samedi le 3 juin 2021, précise Omar Manirambona. L’espace des loisirs pour les gens qui célèbrent le mariage et les balançoires destinées aux jeux des enfants sont déjà fonctionnels. Le responsable de Safi Beach informe que même les concerts vont reprendre très prochainement.

Au Black and White Beach et Big One Way Beach, la situation s’améliore progressivement. Même si les eaux restent stagnantes au milieu des plages, les parties attenantes au lac sont accessibles. Des paillottes y sont érigées. Des centaines de personnes fréquentent la plage. Des vendeurs ambulants profitent également de la situation pour gagner quelques sous.

Presque impossible de récupérer les pertes

Le responsable de Safi Beach informe que les pertes ont été énormes. Depuis que le niveau des eaux du lac est monté, nous avons enregistré des pertes énormes. Plus de 90% de pertes. Pour lui, il est difficile de récupérer les pertes durant cet été. Il craint que le niveau des eaux du lac pourra de nouveau monter avec le mois de janvier, en pleine saison des pluies. Omar Manirambona déclare avoir reçu des leçons sur la manière dont les autres propriétaires des plages s’y prennent pour faire face à la montée des eaux des lacs ou des mers. On doit aménager les plages de façon que pour les prochains débordements, les pertes soient limitées. Il demande à l’autorité du lac d’avertir à temps si la montée des eaux du lac est probable.

La montée des eaux du lac Tanganyika a passé à la vitesse supérieure en mars 2021. La menace a été imminente pour de nombreuses habitations érigées le long du littoral.  Les infrastructures socio-économiques riveraines ont été inondées et ont été obligées de suspendre les activités. Pour faire face à cette problématique, OPC1 Anicet Nibaruta, directeur général de la protection civile et président de la plateforme nationale pour la prévention et gestion des risques de catastrophes demande aux riverains et aux investisseurs de respecter le code de l’eau. L’article 5 dudit code stipule qu’il ne faut pas construire dans les 150 m du littoral du lac Tanganyika, 25 m de part et d’autre des rives de ses affluents qui traversent la ville de Bujumbura, 50 m pour les lacs du Nord et 5 m pour les rivières de l’intérieur du pays.