Gatumba : certains quartiers redevenus vivables

Après que la zone Gatumba ait été envahie par les inondations causées par le débordement de la rivière Rusizi II couplé avec la montée des eaux du lac Tanganyika et que les habitants aient été sommés de vider les lieux, certains d’entre eux commencent à regagner le bercail. La vie se normalise petit à petit dans certains quartiers malgré tant de déconvenues. Les détails dans ce numéro 

Il n’y a plus d’eaux stagnantes dans la plupart des quartiers de la zone Gatumba, constate le reporter de Burundi Eco lundi le 7 juin 2021. Les quartiers qui  se trouvent encore sous l’eau sont  Mushasha I et II ainsi que Gaharawe.  Les habitants commencent à rentrer chez eux.  La plupart d’entre eux s’occupent déjà de leurs activités quotidiennes.  Tout le long de la chaussée d’Uvira, les boutiques ont rouvert leurs portes. Il s’observe des femmes et des hommes en train d’exercer le commerce des fruits, du charbon de bois, des pièces de rechange, des denrées alimentaires, etc. Quelques restaurants et cabarets sont aussi opérationnels.  Vers 12 h, certains habitants étaient en train de partager un verre. Ils mangeaient aussi des brochettes.

D’autres qui ont les moyens étaient en train de réhabiliter leurs maisons.  Une sexagénaire qui s’est entretenue avec Burundi Eco a fait savoir que la vie commence à se normaliser comme auparavant. Elle s’appelle Roda Ndabarinze.  Il y a une semaine qu’elle est de retour dans son quartier. Elle indique qu’elle s’est décidée à retourner chez elle, car le niveau des eaux de la rivière Rusizi II qui ont envahi son quartier ces derniers jours a baissé.  Puisque la vie est difficile dans les sites réservés aux sinistrés, cette sexagénaire fait remarquer qu’elle ne peut pas supporter ces conditions.

Les habitants confrontés à certains défis

Toutefois, depuis que sa famille est retournée chez elle au quartier Kinyinya I,  Ndabarinze laisse entendre qu’ils ont du mal à trouver de quoi manger, car tout a été emporté par les eaux.  L’autre défi majeur est le manque de toilettes. «La nappe phréatique est tout près de la surface. Elle est à moins d’ 1 m.  Si on tente de creuser un petit fossé pour construire une toilette, l’eau monte et on arrête les travaux à toute bride pour que l’endroit ne soit pas débordé par les eaux souterraines», s’inquiète-elle. Jusqu’à présent, on se soulage dans la nature en attendant que la construction des latrines soit possible dans les jours à venir, poursuit-elle.  Ces habitants craignent donc d’être attaqués par les maladies des mains sales.

Pour d’autres habitants, trouver où loger n’est pas chose facile, car leurs maisons se sont affaissées suite aux récentes inondations causées par le débordement de la rivière Rusizi II. Ils habitent dans des maisonnettes construites en tentes en attendant la reconstruction de leurs maisons.  Ils demandent à l’Etat et aux autres bienfaiteurs de leur donner des vivres pour qu’ils ne meurent pas de faim.

La construction des digues de protection, une urgence

De plus, selon Charles Mukwege, un retraité habitant le quartier Kinyinya I, une solution durable doit être trouvée pour maîtriser les inondations à Gatumba. Pour que ce problème soit définitivement résolu, la construction des digues de protection tout autour des berges de cette rivière est une urgence, souligne Mukwege.

Jacqueline  Bukuru habitant le même quartier abonde dans le même sens : « il ne faut pas gaspiller les moyens sous prétexte qu’on est en train d’aider les sinistrés de Gatumba.  Ces moyens financiers  et matériels  ainsi que ces vivres qui ne cessent  d’être offerts à ces derniers  ne constituent pas une réponse durable. Ce qui est nécessaire c’est de mettre ensemble tous ces fonds pour construire des digues de protection sur les rives de la rivière Rusizi II afin de dompter  le débordement des eaux de cet affluent du lac Tanganyika ».

Le curage du lit de la rivière Rusizi II, plus qu’une nécessité

Selon toujours ces habitants, le lit de cette rivière Rusizi II est plein de sable et d’autres alluvions qui proviennent des montagnes environnantes. Et, par conséquent, sa profondeur se rétrécit du jour au jour. Et, s’il pleut, ces habitants informent que c’est fort compréhensible que les eaux de cette rivière débordent et envahissent toutes les zones riveraines.  Ils suggèrent alors au gouvernement et à ses partenaires techniques et financiers de mobiliser les fonds pour faire le curage de cette rivière comme cela se fait pour les autres rivières comme Mutimbuzi, Ntahangwa, Kanyosha, etc.  Actuellement, suite à ces dépôts, ils indiquent qu’on traverse facilement la rivière Rusizi II à pied. Ce qui montre l’extrême urgence de  faire le curage  de cette rivière afin de réduire les dégâts qu’elle ne cesse de causer, surtout quand il pleut.

Ils ajoutent qu’une autre piste de solution est de fermer la vanne située dans le quartier Vugizo qui empêche les eaux de la rivière Rusizi I qui sépare la République Démocratique du Congo et le Burundi de poursuivre leur cours normal comme auparavant.

Notons que le gouvernement compte délocaliser les habitants de Gatumba dans l’optique de les protéger contre ces inondations récurrentes. Cela a été annoncé par le chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye lors d’une descente  qu’il a effectué à cet endroit vendredi le 4 juin 2021. Selon la direction générale de la protection civile, les plus ciblés sont les propriétaires des parcelles situées dans les quartiers Mushasha I et II ainsi que Gaharawe.